Dans une interview exclusive accordée mercredi 13 aout dernier à Vers Vert Infos, le professeur Alex Lina Alake, Chef d’antenne de l’Organisation congolaise des écologistes et amies de la nature (OCEAN) Kivu-Katanga, a dressé un tableau complet des enjeux environnementaux qui secouent la province du Sud-Kivu. Entre déforestation galopante, dégradation des sols et gestion catastrophique des déchets, OCEAN déploie une série de projets structurants pour inverser la tendance, malgré un contexte sécuritaire et financier particulièrement difficile.
D’après les chiffres alarmants du professeur Alake, en deux décennies, Bukavu a perdu 70 % de son couvert forestier, tandis que près de 900 tonnes de déchets produits quotidiennement ne sont ni collectés ni traités, avec des conséquences désastreusessur la santé publique et les infrastructures énergétiques. Face à cette situation critique, l’ONG OCEAN a mis en place trois projets phares notamment, le projet Ruzizi I, le projet Biodéchetset le projet KiRuCaRe.
Le projet Ruzizi I a permis de restaurer plus de 32.124 hectares de forêt et de stabiliser les berges de la rivière, améliorant ainsi la production des centrales hydroélectriques. Le projet Biodéchets transforme quant à lui 30 tonnes de déchets organiques par mois en compost pour l’agriculture locale. Enfin le projet KiRuCaRe financé par le Fonds Bezos, forme les communautés aux pratiques agricoles durables tout en créant des associations environnementales.
Selon le responsable de OCEAN Kivu-Katanga, ces projets ont permis de créer plus de 1400 emplois, dont 74% occupés par des femmes, renforçant ainsi leur rôle clé dans la résilience écologique.
« Dans tous nos projets, les femmes y participent généralement à plus de 65%, et les jeunes entre 25 à 30% », souligne le professeur Alake.
Pour lui, cette approche n’est pas le fruit du hasard. « Nous avons constaté que les femmes sont le plus souvent responsables et engagées lors des activités sur le terrain ».
A en croire le professeur Alake, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Nous avons formé plus de 875 femmes sur les bonnes pratiques d’agriculture urbaine durable », a-t-il précisé. Quant aux jeunes, leur implication est cruciale. « Ils représentent une force vive pour la sensibilisation communautaire et les activités génératrices de revenus ».
A côté de l’instabilité sécuritaire persistante qui limite l’accès à certains sites, l’accès aux fonds reste également limité à l’ONG OCEAN. Toutefois, l’ONG travaille en partenariat avec les autorités locales et des réseaux internationaux comme le Fonds Bezos, World Resource Institute (WRI), ARCOS et la Caterpillar Foundation pour amplifier son impact dans la région.
Le chef d’antenne de OCEAN Kivu-Katanga a lancé un message porteur d’espoir. « Notre credo est un monde plus vert, viable et vivable », celui-ci en parfait symbiose avec le leitmotiv de votre média, Vers Vert Infos.
Bertin Al-bashir